Blinded, c'est une vieille réminiscence. C'est une obsession presque aussi ancienne que Pandora Project, puisque je célébrerai la décennie de sa première publication en mars de l'année prochaine. Ce sont les racines qui m'ont menée à ce que je suis aujourd'hui, et à ce que je conçois de l'écriture et des univers imbriqués. C'est un peu le commencement, mais pas tout à fait. Blinded a vécu sa première vie il y a 10 ans déjà, avant de terminer dans un coin de ma tête, en attendant le jour où il pourrait enfin renaître.
C'était, je crois, un projet maudit ; jute après sa publication, en 2007, un mauvais tour du destin a fait que j'ai perdu l'intégralité des fichiers liés à ce projet dans un trou noir informatique. Envolés, les textes, les illustrations, les vidéos, les prémices du manga, les maquettes du roman, de l'artbook et du Tarot d'Ishsaar. Zéro, nada. Plus rien d'autre que ces fragments dans ma tête, quelques gribouillis dans des carnets, trois exemplaires du roman, un tarot, et un poster au-dessus de ma commode. Sauvegardes comme disques durs se sont évanouis dans la nature, effaçant en un instant des années de travail comme si tout cela n'avait jamais existé. Mais ils ont laissé des traces, semé des petits cailloux dans mon esprit depuis tout ce temps, attendant patiemment que leur heure revienne.
Voilà, c'est maintenant.
Je veux aujourd'hui donner un second souffle à ces obscurs fantômes, parce que c'est important, parce qu'on efface pas 10 ans d'obsession aussi facilement et que, finalement, c'était loin d'être terminé. Blinded, c'est un projet beaucoup plus sombre, dur et douloureux que ce que vous avez pu apercevoir de mon univers jusqu'à présent. Ce sont des âmes déchirées, en quête de lumière ou aveuglées par le soleil. Ce sont des anges, chassés à jamais de leur Paradis, que la folie guette chaque jour un peu plus, mais aussi des espoirs de renaissance et des souvenirs perdus. De chaque ombre éclate la lumière ; parfois, elle est seulement un peu plus tamisée. Aujourd'hui, je veux faire de cette obscurité planante et de cette noirceur quelque chose de plus grand, de plus beau, parce qu'ils sont importants, eux aussi.
Tout cela prendra sans doute du temps. Il faut réapprendre, reconstruire, se souvenir tout en se tournant vers l'avenir, avec un regard neuf et une plus grande maturité. 10 ans, c'est beaucoup et c'est peu à la fois mais, à l'échelle d'une vie, ça représente déjà une sacrée évolution et des points de vue évidemment très différents. C'est un peu comme retrouver un vieil ami après des années de séparation : il faut compléter les pièces du puzzle, ces trous d'existence parce que la vie a continué sans eux, et accepter le fait que l'on ait pu prendre des chemins différents sans pour autant être devenus incompatibles. La première édition était une bouteille à la mer, un cri dans le néant, un premier jet qui a besoin maintenant de beaucoup d'attention, de patience et d'amour pour renaître et surtout grandir. Alors, le roman sera intégralement réécrit / modifié / transformé / remanié / corrigé / reconstruit / complété (rayez les mentions inutiles), pour chasser les incohérences, compléter les destinées et améliorer l'ensemble. Ils ont à nouveau des choses à me murmurer, ils ont grandi, eux aussi, ce qu'ils laissent apercevoir d'eux a changé en 10 ans et ma façon d'appréhender leur destinée également. Tabula rasa. De même, le tarot d'Ishsaar — car j'ai toujours une envie folle de le partager avec vous, puisque certains d'entre vous l'ont déjà croisé au détour de Pandora Project ;-) — doit être intégralement redessiné, ce qui implique de replonger dans 53 illustrations différentes et de leur redonner vie.
Ce sera sans doute le travail de plusieurs mois, voire de plusieurs années, mais il y a aussi une sorte d'excitation constructive à replonger dans tout ça, à reprendre la plume depuis tout ce temps et à remplir les pages vierges d'un nouvel univers qui ne demande qu'à prendre son envol. Poser les premières pierres, retrouver les vieux amis, remettre la machine en route et se rendre compte, finalement, qu'ils n'étaient jamais bien loin...
Ca prendra du temps, oui, mais je pense que le jeu en vaut la chandelle. L'obsession le mérite.
So here we go again...